08 Octobre 2019 : Courrier de l'Ouest
Ophélie Largeau et Maxime Larges ont construit une maison passive, si bien isolée du froid qu’elle ne possède aucun radiateur. La première du genre à Thouars.
En ce début d’automne, les premiers courant d’air frais nous font ressortir les pulls du placard et fermer les fenêtres. Ophélie Largeau, elle, doit ouvrir les portes de sa maison. Il y fait encore 25 °C. Et pourtant, pas l’ombre d’un chauffage à l’intérieur de cette maison de 150 m². Car, si voir une habitation flambant neuve en plein Thouars est déjà rarissime, la maison d’Ophélie Largeau et de Maxime Larges, se paie, en plus, le luxe d’être passive.
Comment est venue l’idée de faire construire une maison passive ?
« À cause de mon métier ! Je suis thermicienne, au sein de la société Imagerie 3D, à Vouillé (Vienne). Pour ma première maison, je voulais appliquer mon savoir-faire. J’ai convaincu mon compagnon. À ma connaissance, nous sommes les premiers dans le Thouarsais. »
Comment fonctionne cette maison ?
« Le secret, c’est d’avoir une enveloppe très performante. Nous avons installé du triple vitrage partout. La maison est exposée plein sud et dotée de grandes baies vitrées qui font entrer le soleil. Le mur sud est constitué de briques, auxquelles nous avons ajouté un isolant extérieur en polystyrène. La brique est dotée d’une forte inertie thermique : l’été, elle nous protège de la chaleur et l’hiver, elle nous la restitue. Le reste de la maison est fait d’une ossature en bois isolée avec de la fibre de bois. Contrairement à la façade sud, le côté nord comprend très peu de vitrages. »
À l’intérieur, quelles astuces avez-vous utilisées ?
« La maison a une autre particularité, c’est la ventilation double flux. Nous avons des bouches d’aération un peu partout dans la maison, qui régulent l’hygiène de l’air. L’air qui sort donne ses calories à l’air qui rentre. Cela permet de ne pas faire entrer l’air frais de l’extérieur dans la maison. »
Concrètement, comment avez-vous vécu ces derniers mois ?
« Nous avons emménagé en mars. Dès le premier mois, il a fait -4 °C dehors. En même temps, dans la maison, nous avions 19 °C. On pourrait pratiquement se chauffer avec une bougie ! Et cet été, durant la canicule, la maison a bien résisté. Normalement, la maison est prévue pour ne pas monter au-delà des 25 °C. Nous avons tenu quatre jours à une température normale avant que la chaleur nous envahisse. Une maison classique n’aurait tenu que quelques heures. »
Combien ce projet vous a-t-il coûté ?
« Nous avons investi au total 215 000 €. Nous avons quasiment tout fait tout seul. C’est moi qui aie tout dessiné, et mon mari, qui est artisan, a beaucoup donné. La maison passive, c’est très exigeant. Le chantier nous a pris deux ans. La seule chose que l’on n’ait pas faite, c’est la maçonnerie. Nous nous sommes donnés du temps. Nous avons aussi eu un petit bout en route ! (Louis, 3 ans aujourd’hui). »
Combien d’économies réalisez-vous ?
« Aujourd’hui, nous ne payons que 40 € d’électricité. Il n’y a que la télévision, le four, l’ordinateur qui consomment. Quand nous habitions à Louzy, nous payions environ 900 € d’électricité par an, pour une surface deux fois plus petite. Tout ce que l’on ne consomme pas nous permet de partir en vacances ! Le coût des énergies est amené à augmenter dans les prochaines années. Aujourd’hui, peu d’entreprises sont certifiées pour ce type de chantier, mais je suis sûre que cela va se démocratiser. La clé, c’est de ne pas consommer. Nous sommes en train de nous demander si nous n’allons pas poser des panneaux photovoltaïques. Nous aurions une facture de 0 €. »
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